Chicken Movie. Cluck!
Rina Sherman
Poéme urbain, films d’art films,
films urbains – urban films
16 mm, couleurs, 20 min, k éditeur, Paris, 1983 – 84
Un chauffeur promène sa Madame dans le down-town de Johannesburg des années ’80, visites d’amis, du centre Mai-Mai, de terrains vagues. Le voyage se termine avec un bal nuptiale-funèbre où les hommes dansent au chant du coq et le rythme de la musique zoulou.
En 1983, j’ai publié mes premiers poèmes, dont un poème sur une poule, qui est devenu le livret d’un film-opéra, L’œuf sans coquille, que j’ai réalisé à Paris bien des années plus tard (1994), dans lequel je mets en scène Jean Rouch dans le rôle d’un valet tirant un poulet empaillé sur une plate-forme à roulettes.
Lors du tournage du film, dans la cour de l’ancien asile du Kremlin-Bicêtre, près de Paris, Jean a regardé une racine d’arbre dans le sol et a dit qu’elle ressemblait à un clitoris. Il a ensuite déclaré que les crêtes des poules était leur clitoris. Il en a conclu que tout fétichisme est une question de sexualité. J’étais occupé à filmer à ce moment-là et je n’ai pas pu poursuivre la conversation. Les anciens Sumériens avaient de nombreux mots pour décrire les humeurs des poulets.
Lorsque j’ai quitté l’Afrique du Sud, ma poule, Flabelula, a été confiée aux parents de Margie, à la campagne, et c’est probablement là qu’elle a atterri dans une marmite. Juste avant de quitter l’Afrique du Sud, j’ai réalisé mon premier film sur les poules, Chicken Movie. Cluck ! La bande sonore est composée de bruits de poulets pour parodier le déroulement des différentes scènes. J’ai laissé le fétichisme de poules derrière moi lorsqu’un jour, une femme m’a appelé du sud de la France pour me demander si j’étais la femme au poules. J’ai répondu par la négative, et ce fut la fin de la période des poules.
Cependant, lorsque j’ai vécu pendant sept ans avec le chef d’Etanga et sa famille dans le nord-ouest de la Namibie, j’avais toujours des dizaines de poulets qui couraient autour de mon campement, avec des poussins qui suivaient, et j’adorais ça, les corps jetés en avant dans une quête de toujours plus.
C’est tout, c’était une période qui me permettait d’exprimer certaines idées, directement ou indirectement à travers l’imagerie des poules.