VOICES, rencontres avec des personnes remarquables – Meetings with Remarkable People

Henri Froment-Meurice, une vie de diplomate / Rina Sherman

Henri Froment-Meurice, une vie de diplomate

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à paraître : Jackie Berroyer

à paraître : Boris Boubacar

à paraître : Nicholas Snowman

à paraître : Ody Roos

à paraître : Etienne Robial

à paraître : Teddy Yoshikami

Une collection de cinéportraits expérimentaux de personnes réputées ou discrètes, rencontrées au cours des voyages aux quatre coins du monde, de New York à Maputo, en passant par Paris ou Salon-de-Provence, créés par Rina Sherman en parallèle des Grands portraits, témoins de notre temps, qui explore en profondeur des personnes, voire des lieux.

Les ciné-portraits sont toujours circonstanciel, rendu possible par ma présence dans un endroit, et souvent contingent, en cours d’une étude de recherche, je fais une rencontre par sérendipité…
Comme la récente série de ciné-portraits d’acteurs du monde du design : Margo Rouard Snowman, Philipe Apeloig, Peter Knapp, Jean-Philippe Lenclos et Etienne Robial, réalisée en parallèle de ma recherche dans le cadre de la collection, Grands portraits, témoins de notre temps, dont Jean Widmer, un écologiste de l’image et Peter Knapp, un faiseur d’images.

Avant tout, les cinéportraits sont des rencontres, et les films témoignent de cette rencontre, de ce regard précis, du point de vue d’une personne dans la construction d’une nouvelle réalité à partir du réel. C’est à partir des réflexions, des questions, des idées et des réponses filmées que je compose le portrait, qui révèle aussi des traits du cinéaste, filmant une sorte de double portrait… C’est ainsi que prend forme, dans le présent, le portrait du passé des personnes filmées, grâce à l’éveil d’une mémoire qui est tout à la fois une archive et une reconstitution à partir d’un mélange de sélection et d’oubli. Grâce à nos échanges, à ce que l’on peut désigner comme une anthropographie de la mémoire, mes interlocuteurs peuvent présenter leur vie et leurs idées comme des formes culturelles.

Un déroulement libre du tournage laisse jouer de la spontanéité de chacun et l’apparence non-structurée dessine à chaque ciné-portrait sa propre dynamique. Le but est de laisser chaque personne dire comment elle est devenue ce qu’elle est. Les gens partagent leur expérience quand ils sont prêts et disponibles. C’est pourquoi je m’offre à eux comme un pinceau ou un stylo qui fait jaillir leur histoire de leur mémoire. C’est comme une sorte d’écriture automatique d’hier racontée pour demain. Il s’agit d’un genre de film documentaire, le portrait, qui fait d’une personne le sujet même du film, tourné lors d’échanges plus ou moins formels ayant pour sujet tout ou partie de leur vie.

Si l’art et la manière du portrait est l’art de créer un personnage, dans les ciné-portraits, la forme de chaque film est inextricablement liée à la personne filmée, tout comme à l’univers qui les habite, le but étant de représenter, de façon ressemblante, une personne avec sa tenue et ses expressions caractéristiques, et laissant au spectateur la liberté d’imaginer le hors champ de la vie de la personne. J’essaie le plus possible de préserver une forme souple pour que les personnes filmées puissent choisir le cours à leurs pensées, tout en me laissant, ici et là, la possibilité de revenir sur certaines choses qui attirent mon attention.

Quel est l’apport du cinéma au portrait, un art a priori de l’immobile, alors que c’est le mouvement qui crée le temps et l’espace du réel ? Dans les ciné-portraits, l’image fixe, souvent en gros plan, vient d’interroger l’art du mouvement, le cinéma, en touchant à l’essentiel, au sentiment, à une certaine vérité, la vérité du cinéma, et finalement, celle des images en mouvement, le visage humain qui parle. J’ai toujours trouvé qu’il y avait peu de choses plus photogéniques ou filmiques qu’un visage humain animé par la parole, cadré en gros plan ou en plan moyen. Ce sont de véritables paysages en mouvement.

Sans trop de préparation en amont, afin de laisser cours à la parole pendant le tournage, chaque ciné-portrait est une valse à deux au cours de laquelle la personne filmée rend disponible ce à quoi je peux donner corps (bodying).

L’objet des ciné-portraits n’est pas toujours une personne. Parfois, le sujet est un lieu ou des paysages. Il m’arrive d’utiliser différentes sources et outils, documentaire, iconographie, archivage, mise en scène, et, j’accorde une importance particulière au fond de l’image, floue ou pas, mais laissant souvent songer d’un ailleurs, de pans de vie sur différents niveaux, à différentes distances, dont il n’est pas question dans le présent, mais à fin ouverte, une suite possible. Le plus souvent, les portraits sont réalisés en un seul tournage, mais il m’arrive de filmer plusieurs fois avec des personnes, quand elles fatiguent trop vite pour terminer ou encore pour répondre à l’appel de l’esprit d’escalier. Souvent les tournages seconds ou tiers, restent dans les annexes, sans suite, comme si l’art de faire du portrait, consistait à saisir un moment précis.

Disciple infidèle* à son maître, Jean Rouch (*selon lui), je développe depuis toujours des moyens légers de filmmaking et je travaille le plus souvent sans équipes. Cela préserve une grande disponibilité à la fois pour la recherche et la capacité de laisser advenir l’imprévu pendant les tournages. Les tournages des ciné-portraits sont des temps de grande intensité ; on entre dans la valse de la vie tout en étant le premier spectateur du portrait à venir.

À paraître Il y a plusieurs ciné-portraits qui ont été filmés au fil du temps et qui ne sont pas encore montés, dont une matière riche filmé en plusieurs fois avec Ody Roos, producteur, réalisateur, propriétaire de laboratoire et grand cinéfile, notamment un premier tournage émouvant qui a eu lieu à l’issue des obsèques de Chris Marker, mais également avec Teddy Yoshikami, conservateur au Museum d’histoire naturelle à New York, filmé pendant le festival Margaret Mead, qui raconte la vie de sa famille dans les camps de concentration après Pearl Harbour, ou, encore, Boris Boubacar, rencontré au festival de documentaire à Maputo, qui parle de son oeuvre et de son enfance dans la bibliothèque du 19e siecle de ses parents à Dakar. Issu de ma recherche sur la société Corse, il y a un ciné-portrait à venir de l’auteur Robert Colonna d’Istria,et, enfin un autre de Jacky Berroyer, rencontré lors d’une discussion à l’issue de la projection du ciné-portrait de Delfeil de Ton.

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