Rina Sherman
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Que la danse continue

Rina Sherman

DV, 75 min / 50 min, 2007/8



EXTRAIT

Autour de

Que la danse continue
Keep the Danse Alive

Ce film fait partie de la collection de films du projet « Les années Ovahimba | The Ovahimba Years », une étude ethnographique multimédia des Ovahimba et d’autres peuples de langue Otjiherero du nord-ouest de la Namibie et du sud-ouest de l’Angola.

Filmé sur une période de sept années lors du séjour du cinéaste Rina Sherman avec une famille Omuhimba, le film donne à voir des images inédites de la façon dont la musique, la danse et la prise de possession sont intégrées dans la vie quotidienne, dès la petite enfance jusqu’à la mort et au-delà.

Avec le temps, Rina Sherman est devenu si familier avec des personnes qu’elle filmait et photographiait que sa présence de cinéaste et photographe venaient à être considéré comme une partie intégrante de la vie quotidienne et rituelle.

Que la danse continue, le quatrième film de la collection « Les années Ovahimba », présente une vision singulière des Ovahimba, celle d’un cinéaste qui a partagé la vie des personnes qu’elle filmait pendant sept années.

Tout au long de son séjour, Rina Sherman leur montrait les images au fur et à mesure de les filmer. Au travers cette expérience inédite de « feedback », elle a établi un rapport étroit avec des membres de sa famille d’accueil, famille qui est devenue « la sienne », leur laissant une place pour improviser, pour s’inventer et se réinventer à travers leur propre mise en scène.


Que la danse continueKeep the Dance Alive

Rina Sherman

Que la danse continue nous invite sur un voyage dans l’univers de la danse, la musique et la prise de possession des Ovahimba et d’autres peuples parents de la Namibie et de l’Angola.

Ce film présente une vision singulière des Ovahimba, celle de Rina Sherman, qui a vécu avec eux et filmé leur quotidien pendant sept années. De ses années passées dans le désert, elle donne ici à voir des moments inédits sur la façon dont le chant, le mouvement et la transe s’intègrent dans la vie de tous les jours, de la petite enfance jusqu’à la mort et au-delà. « C’est une expérience unique, un privilège rare d’avoir pu partager leur vie. Je ne l’échangerai pour rien. Cela a transformé mon esprit, » dit le cinéaste à son retour à Paris.

Rina Sherman a cette manière bien à elle de faire corps avec des personnes qu’elle filme. Elle nous l’a déjà montré dans des films comme Southern African Urban Dance Collection N° 1 (1996), mais également dans un inoubliable plan séquence d’une diva dansante qui chante une improvisation de la chanson Du gris dans M.M. les locataires (1995).

Mais ici, ayant vécu avec les Ovahimba pendant de longues années, en filmant leurs oraisons, leurs ballets et leurs prises d’esprit, elle va plus loin encore. Dans Que la danse continue, elle réussie à établir une véritable proximité avec les personnes filmées, nous laissant avec l’impression qu’elle s’est fait conviée à jouer un rôle intime dans les chorégraphies des moments ordinaires ou des cérémonies qu’elle filme. En restant collée aux corps, elle suit la lancée, pas à pas, comme un passeur d’intervalles. Devenue un trépied valsant, elle dessine avec virtuosité un contrepoint avec la danse qu’elle filme. Par un signe d’œil annonçant un geste ou un phrasé à venir, par un croisement de regard indiquant un aparté hors-cadre à filmer, elle se laisse diriger par ces acteurs hors pair qui n’ont de cesse d’inventer leur propre mis en scène au travers leur maniement habile de l’objectif, adopté, au fil du temps, comme faisant partie de leur vie.

Le parcours multidisciplinaire de Rina Sherman explique tout au moins en partie cette sensation d’assister à une œuvre de gesamtkunst en regardant le film Que la danse continue. D’ailleurs, elle nous confie avoir trouvé le titre pour le film lors d’une séance de pratique de yoga, où l’instructeur répétait sans cesse, « Keep the Dance Alive ». Là encore, il s’agit d’une pratique du corps que Rina Sherman dit exercer partout où elle va comme une prolongation de ses années de cours de « ciné-gym »  suivis dans l’enseignement de Rouch dont elle est légataire. Musicienne et « performance artist » dans son Afrique du Sud natal, avant de devenir cinéaste, elle nous livre avec Que la danse continue un film qui part d’un point de vue large et interdisciplinaire. En puisant dans la rigueur des techniques du répertoire de musique dite « classique » et en les entremêlant avec celles des avant-gardes de NY des années soixante, Rina Sherman assied ici son parcours artistique comme étant résolument contemporain. C’est avec minutie qu’elle nous laisse entendre et faire voir et les multiples passages possibles du chant rythmé au corps lancés, tout en laissant une place à l’improvisation afin que l’arrivée en scène des esprits, ces messagers de l’être suprême, puis s’inventer au gré de l’imaginaire.

« Ce que nous appelons la représentation de la musique et de la danse constituent dans la culture des Ovahimba un dense et complexe univers imaginaire. C’est un peuple, qui, comme bien d’autres en Afrique, vit l’expression artistique et spirituelle comme de fluides transitions d’un instant de vie à un autre. En ce sens, mon travail avec eux s’inscrit dans une expression et une pensée contemporaines, » dit elle avant de conclure, « Avec de film, Que la danse continue, je voulais offrir à voir le plaisir que j’ai pris à capter le phrasé de la musique et la performance corporelle des Ovahimba. Tout au long des sept années de vécue avec cette famille Omuhimba et leurs parents, mes années de pratique de la musique et de la « performance art » me sont restées présentes à l’esprit. Les Ovahimba ont une maîtrise vocale leur permettant d’utiliser leur voix à la fois comme instrument lyrique que rythmique ou percussive. Ils exécutent avec précision  des cycles de temps – différents pour hommes et pour femmes – qui viennent à des moments donnés à se chevaucher et se complémenter. La musique qu’ils produisent avec leurs seules voix et mains, ainsi que quelques instruments se prolongent dans le mouvement de leurs corps. Avec un élan à la fois précis et improvisé, ils préparent les esprits à s’évacuer des corps afin que d’autres, ceux d’un ancêtre, l’omakumuka, ou d’un oiseau, l’ongombe, puissent investir leurs corps, pour faire entendre la voix de ceux qui sont morts mais qui ne sont jamais parties ».

Paul Kaufmann, Jr
NY, le 9 avril 2008

NB. Que la danse continue s’inscrit dans le cadre du projet  Les années Ovahimba l The Ovahimba Years, une étude multidisciplinaire ethnographique de long terme sur la culture intangible des Ovahimba et d’autres peuple de langue Otjiherero du nord-ouest de la Namibie et du sud-ouest de l’Angola.

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