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Paris de mes exils
Dans ce film, je décris la façon dont j’ai vu Paris à mon retour d’un séjour de sept années avec les Ovahimba de Namibie.
À l’étonnement et au désarroi d’un tel retour, s’est rajouté la mort de trois grands amis, Jean Rouch, mentor et ami, Didier Contant, grand reporter et âme sœur, et le chef d’Etanga, devenu le père de ma vie.
Je renoue des liens avec Paris, ville où je vis depuis mon exil d’Afrique du Sud en 1984, en retrouvant des lieux familiers d’autrefois, dont certains fréquentés avec Jean Rouch, mais aussi d’autres coins qui me sont jusqu’alors restés inconnus.
Cette période fut également marquée par le nécessaire rétablissement de l’honneur du grand reporter Didier Contant, mort à Paris lors de sa dernière investigation sur la mort des Moines de Tibhirine en Algérie en 1996. Je trace la lente évolution du processus qui m’a conduit à publier le livre
Le huitième mort de Tibhirine, et à visiter pour la première fois l’Afrique du nord – Alger et le Monastère de Tibhirine.
Ce fut un temps où retour et deuil étaient inextricablement liés, un temps pendant lequel je pensais inlassablement à mes amis Ovahimba, que je voyais au jour le jour en faisant le montage des films tournés pendant mon séjour chez eux.
Entre des périodes de montage, je me déplaçais à Alger, Médéa, Cape Town, Etanga… Tournant tout le temps, comme pour me convaincre que tout cela a lieu pour de vrai. Un matin, en surplombant la baie d’Alger, je me suis imaginée un axe reliant Paris, Cape Town, Etanga et l’Afrique du Nord, et ainsi le grand cercle de l’exil, commencée en 1984 a finalement été bouclé.
Rina Sherman
Paris, Juillet 2009
Paris de mes exils – Un Chronique de notre temps
Dans un mélange heureux d’opposition et d’association d’images et de sons, matière à réflexion et observation du quotidien, Rina Sherman capte à la fois la spécificité et les contradictions de la vie parisienne du début de ce XXIe siècle. C’est la première fois qu’elle pose son regard sur Paris, ville où elle a choisi de s’installer après son exil d’Afrique du Sud en 1984.
En déambulant dans la ville, Sherman arrive à tenir un savant équilibre entre observation du quotidien et évocation des grandes questions de notre temps, comme le racisme et l’anti-sémitisme.
La référence qui vient à l’esprit est Jean Rouch – Sherman est une protégée de Rouch, auteur du film Chronique d’un été qu’il a cosigné avec Edgar Morin.